SQO
 
Chroniques

La pratique privée en orientation

Chroniques | 2023-11-03
SQO - semaine québécoise de l'orientation

Par Sophie Duquette, c.o.

Conseillère en pratique privée


Je suis conseillère d’orientation depuis 15 ans, dont les 8 dernières années, en pratique privée. J’ai débuté ma carrière dans le domaine communautaire dans un Carrefour jeunesse emploi dans la magnifique région de la Beauce. J’y ai travaillé pendant 6 ans et j’ai adoré mon expérience. Alors, qu’est-ce qui m’a amené à la pratique privée ? Un déménagement dans une nouvelle région en Montérégie avec un bureau connexe à ma maison. C’était parfait pour y faire ma pratique privée. En début de carrière, la pratique privée, c’était très loin dans ma tête. En fait, pour être honnête, je voyais davantage ça comme une fin de carrière. Je me trouvais trop jeune pour partir ma pratique privée. Et pourtant, je l’ai fait.

 Est-ce que c’est facile la pratique privée ? Non, ce n’est pas facile. Il faut prendre le temps de bâtir sa clientèle et s’y installer. Je me fais connaître à travers un site web et une page Facebook. Je me suis associée à des PAE, à la CNESST, à l’IVAC, à la SAAQ, des assurances privées et au fil du temps, le bouche-à-oreille de clients satisfaits de mes services m’amène une nouvelle clientèle. De plus, j’ai débuté un blogue et on me sollicite maintenant pour écrire pour d’autres blogues de mon domaine professionnel. On s’investit beaucoup en pratique privée pour aller chercher des clients et on n’a pas de salaire. Il faut être patient, car les retombées de nos actions viennent plus tard, ce n’est pas immédiat.

On dit que ça prend 5 à 7 ans bâtir sa clientèle afin de durer. J’avais un défi encore plus grand, celui de me faire connaître dans une région toute nouvelle pour moi. Cependant, j’ai un grand avantage : celui d’être la seule conseillère d’orientation en pratique privée de ma région. Au moment de la bâtir, le seul conseiller d’orientation en pratique privée avant moi prenait sa retraite. Quel hasard quand même ! Afin de me faire connaître, j’ai fait quelques remplacements dans les écoles secondaires qui m’ont permis de garder ma pratique privée tout en développant une autre expertise qui m’est également utile en pratique privée. Si vous habitez une grande ville, il y a de grosses chances que vous ayez quelques collègues déjà établies en pratique privée. Il est important de se démarquer et d’y trouver sa couleur.

Travailler en pratique privée, c’est travailler avec TOUS les types de clientèles. Ma clientèle, ce sont des personnes de 16 ans jusqu’à la retraite. J’accompagne tous les groupes d’âge avec leur situation et leur réalité qui leur sont uniques. Je n’interviens pas de la même manière avec un jeune qui cherche un programme au cégep et avec une personne avec de l’expérience qui se demande si elle est dans le bon domaine ou non. Il faut être polyvalent. Un conseiller d’orientation en pratique privée, c’est une personne qui sait s’adapter à chaque personne qui entre dans son bureau.

Être en pratique privée, c’est vivre avec des hauts et des bas. Il y a des périodes avec moins de clientèle (et les remises en question qui viennent avec), il y a des événements qui viennent bousculer nos habitudes, comme la pandémie (tout s’est soudainement arrêté et l’orientation à distance a été privilégiée) et il y a aussi la solitude. On va se le dire, être en pratique privée, c’est nous le patron, mais nous travaillons seules la majorité du temps. Heureusement, l’ACOP (Association des conseillers d’orientation du privé) a été créé et cette solitude a été mise de côté. Je me suis impliquée dans un comité et j’ai des co-développements qui me sont accessibles avec des collègues avec qui je peux partager les hauts et les bas de pratique privée. L’entraide est essentielle dans notre domaine.

Bref, après 8 ans, je peux dire que ma pratique privée va dans la bonne direction. L’arrivée de l’orientation à distance me permet d’aller chercher de la clientèle partout au Québec et même au Canada. Oui, j’ai trouvé la pratique privée difficile au début et c’est encore avec des questionnements que je continue, mais je suis maintenant bien accompagnée et je me surprends même à prodiguer des conseils à des conseillers d’orientation qui partent leur pratique privée et à être fière du chemin parcouru. La pratique privée c’est un parcours difficile, mais qui en vaut la peine.





Partager sur :